La taverne des rôlistes

Réflexion et analyse critique sur le JdR en général et sur des JdR particuliers

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Vampires : société prodigue


Nous savons que dans le premier monde des ténèbres, les vampires sont des prodigues, c'est-à-dire les descendants de changelins déchus (voir Vampire : la bête). Au niveau individuel, nous avons repéré un certain nombre de points communs entre ces deux espèces comme par exemple la manière de s’approprier des mortels (voir « Boire du sang de vampire ») ou encore la ressemblance frappante entre les disciplines vampiriques et les charmes changelins (voir « Lilith a t'elle vraiment existé ? »). Ces points communs concernent des aspects intrinsèques aux individus et on comprend aisément que des prodigues aient conservé une partie de leur fonctionnement de changelins. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les points communs se retrouvent aussi au niveau de l’organisation de la société.

Étiquette et hiérarchie féodale

Le glamour sur la terre s’est terriblement affaibli pendant le du moyen-âge, principalement à cause de la répression des religions monothéistes contre les croyances traditionnelles. Durant cette période, les contes et légendes tournaient principalement autour des chevaliers, elfes et autres trolls partant à l’aventure, souvent pour des quêtes héroïques. Les changelins de cette période étaient alors des changelins aux coutumes féodales. Or, la brusque diminution du glamour les a rendus incapables de rentrer en Arcadie. Ils se sont donc massivement retrouvés piégés sur la terre. En conséquence, la société des changelins est une société féodale avec ses rois, ses nobles et ses roturiers. Chaque région de la planète est le territoire d’un noble et fait partie d’un royaume changelin.

Chez les vampires et plus particulièrement au sein de la Camarilla, on retrouve des traces de cette organisation. Ainsi, à la tête d’un pays, on trouve généralement un prince qui a notamment pour rôle de faire respecter les traditions sur son territoire. Ce territoire est découpé en fiefs commandés par des marquis. Notons que, comme chez les changelins, le titre de noblesse dans la société vampirique n’implique pas que l’individu avait ce titre lorsqu’il était humain. Le prince de France, François Villon, est un assez bon exemple de la haute noblesse vampirique puisqu’il est installé dans un palais parisien et dispose de sa cours. La vie de la cours est, comme dans la France de la renaissance, une sorte de grand jeu d’influence et de pouvoir basé sur les faux-semblants. Ce jeu codifié par l’étiquette est central dans la vie des « vampires de cours » (*) comme il l’est dans la vie des nobles changelins. On voit aussi que chez les vampires, des mouvements « anarchs » ont lancé des rebellions contre la rigide structure de la Camarilla tout comme les roturiers changelins se sont révoltés contre la noblesse.

Seelie et Unseelie, Camarilla et Sabbat
Il y a deux grandes approches pour s'en procurer. La première, correspondante à la cour Seelie consiste à modérer sa consommation de glamour, à entretenir et protéger les lieux, objets et individus qui en sont chargées. Par exemple, face à un artiste chargé en glamour, un changelin Seelie va chercher à veiller sur lui, à lui prendre de faibles quantités de glamour tout en faisant en sorte qu'il continue par la suite à en générer. Il va par exemple essayer de l'inspirer pour de nouvelles œuvres. L'approche Unseelie est totalement différente. Elle ne pense pas en termes de réserves à entretenir mais plutôt en termes de ressources à exploiter. Les Unseelies ne cherchent pas à modérer leur consommation, ni à entretenir les sources de glamour, ils se servent immédiatement et brutalement. Ces deux approches constituent en fait deux camps structurés et s’affrontant régulièrement.

Chez les vampires, on retrouve certaines similitudes avec ces cours. Pour faire simple, la Camarilla recommande, au nom de la mascarade, de ne pas tuer les proies humaines, c'est-à-dire de ne prendre sur elles que la quantité de sang nécessaire et de les laisser partir. Cela pourrait être rapproché de la bonne gestion des ressources de la cour Seelie. Le Sabbat au contraire se fiche pas mal de la mascarade et n'a pas de règles interdisant le meurtre d'humains. De plus, l'humain est considéré par le Sabbat comme du bétail (plus encore que par la Camarilla) car la doctrine sabbatique insiste beaucoup sur l'idée de domination absolue de l'homme par le vampire. Ceux-ci ne cherchent donc généralement pas de méthodes subtiles pour se nourrir "juste un peu" et "sans que ça ne se voit". Ils sont plus aptes à se nourrir de manière brutale et fatale, comme les Unseelies.

Conclusion
Les vampires ont spontanément organisés leur société sur un modèle très proche de de la société des changelins. Les caïnites ont oubliés leur féerie, mais on peut penser qu’il leur reste quelque chose comme un souvenir inconscient qui pousse à reproduire ce qui est initialement dans leur nature. Or, initialement, ils sont des nobles ou des roturiers, de la cours Seelie ou Unseelie. Ils semblent avoir adaptés ces aspects inconscients qui pourtant les constituent à leurs nouvelles contraintes de vie. En cela, on pourrait parler de société prodigue ; une société n’étant qu’un pâle reflet de la société féerique du passé.

(*) Les « Vampires de cours » sont les caïnites qui participent à la vie de la cours. A l’inverse, les « vampires de rue » sont ceux qui n’y prennent pas part.

Sylvain
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