Dans le domaine du jeu de rôle comme dans celui de la littérature, il existe une catégorie marginale appelée "burlesque". On trouve dans cette catégorie des univers variés tels que Toon ou encore Donjon de Naheulbeuk, mais c'est sur le Disquemonde que je vais m'arrêter plus précisément. Il est évident que ce jeu peut être réinterprété par les MJ et joueurs (comme tout autre jeu d'ailleurs), mais on peut quand même se demander s'il est possible d'interpréter des personnages burlesques, et si oui quelles contraintes cela impose ?
Un Monde Burlesque
Si on rationalise l'univers du Disquemonde, on s'aperçoit qu'il n'est pas fondamentalement différent des univers de JDR "classique". Chaque Background repose sur un ensemble de lois, réalistes ou non, que les joueurs acceptent. Par exemple en jouant à Shadowrun, on accepte l'existence de la magie, des trolls et autres vampires. A partir de là, pourquoi serait-il plus difficile d'accepter le fait que le Disquemonde soit un monde en forme de crêpe posé sur le dos de quatre éléphants, eux-même juchés sur le dos d'une tortue cosmique nageant dans l'espace ? L'existence de la causalité narrative comme loi de la nature n'est pas plus extraordinaire que l'existence des nécromanciens capables d'animer les morts dans différents JDR d'héroïc fantasy. Ainsi, les lois qui organisent le background du Disquemonde ne sont pas moins réalistes que celles des autres JDR, elles ont simplement la particularité de favoriser l'apparition de scènes comiques.
Une ville burlesque
Il existe bien un comique "structurelle" dans le Disquemonde, c'est à dire un comique qui découle du cadre générale plutôt que des personnages directement. Par exemple, lorsqu'un voleur de la guilde des voleurs détrousse un passant et lui donne un reçu, la scène est drôle mais le comique provient de la situation. En effet, il s'agit d'une loi d'Ank-Morpork qui autorise les voleurs titularisés à commettre un certain quota de vols chaque année. En prenant en compte cette loi (qui, je vous l'accorde, est absurde), le comportement du voleur est absolument naturel, il n'est ni stupide, ni délirant, ni "volontairement comique".
Des personnages burlesques
Les personnages de cet univers sont souvent construit sur un paradoxe ou du moins, comportent des caractéristiques susceptibles de créer des situations drôles. Citons les vampires membres d'une association d'entraide pour arrêter de boire du sang, un homme élevé par les nains, qui se considère donc comme un nain alors qu'il dépasse le mètre quatre-vingt-dix, les fous-du-roi dépressifs... Mais malgré tout, on trouve un certain nombre de personnages qui sont sommes-toute assez normal, comme le commissaire Sam Vimaire par exemple.
A priori, on pourrait penser que pour interpréter un personnage d'un univers burlesque, les joueurs devront faire preuve d'humour, faire des actions stupides, et surtout forcer le trait. Par conséquent, on se dit aussi qu'il serait très difficile de jouer à ce jeu car cela nécessiterais d'avoir des joueurs ayant beaucoup de répartie car être drôle spontanément n'est pas donné à tout le monde. Pourtant, il semble que le burlesque ne se trouve pas tant dans les actions des personnages que dans les éléments qui encadrent ces actions. Pour être plus précis, le burlesque dans le Disquemonde ne vient quasiment jamais de comportement imprévisibles et improvisés par les personnages mais au contraires de comportements qui sont logiques en fonction du contexte qui lui est illogique. Or, les PJ évoluent dans l'univers du Disquemonde avec ses lois naturelles, ce qui constitue un cadre qui à lui seul fait naitre le comique. Il n'est donc pas nécessaire de "s'imprégner de l'esprit de Pratchett" en lisant tous ses romans (même si par ailleurs, je vous le conseil car c'est un très bon auteur) car il ne s'agit pas de tenter d'imiter son humour. Une connaissance "froide" du background par le biais des livres, ou tout simplement au fil des scenarii, est suffisante pour qu'apparaisse le burlesque.
Sylvain
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