Le JDR Labyrinth impose dès la création des personnages de jouer des PJs avec cet historique particulier qu’est l’amnésie. Le background de Labyrinth explique ceci : les personnages sont tous des criminels condamnés au labyrinthe. Au début de la partie les PJs arrivent dans le labyrinthe par une porte à sens unique qui les mènent dans la salle du Jugement. La condamnation est en fait une double condamnation : ils sont prisonniers du labyrinthe et ils sont privés de leurs souvenirs.
Labyrinth est un JDR original dans le sens où c’est le premier JDR à poser comme une caractéristique l’amnésie. Dans la partie, cette historique participe de la désorientation des personnages qui sont plongés au cœur d’un labyrinthe, car en plus de ne pas savoir où ils sont, ils ne savent plus qui ils sont. Donc le lieu choisi, le labyrinthe, est une sorte de représentation métaphorique de l’historique amnésie. Les PJs devront tout reprendre à zéro et rebâtir une identité propre, se faire un nouveau système de valeur. C’est sur cette dimension que ce JDR est particulièrement intéressante : la brutalité de la nécessité de se reconstruire pour survivre.
Dès leur réveil, les personnages devront s’accoutumer à un nouvel objet que tous les « condamnés » portent : le gantelet. Il s’agit d’un objet qui enserre leur avant-bras et qui est capable de se plier à leur volonté (devenir une arme, les soigner, purifier l’eau…). Il faudra apprendre à s’en servir techniquement mais aussi savoir comment ils appréhenderont cette nouvelle puissance, c’est-à-dire quelles limites morales ils se fixeront dans l’usage de cet objet fantasmagorique.
Puis viendra le moment de l’exploration des interminables couloirs qui constituent le labyrinthe. Une importante partie de ce labyrinthe a déjà été exploré et est dominée par 3 pouvoirs : l’Empire, la Rédemption et l’allégeance (http://www.legrog.org/jeu.jsp?id=2702) qui correspondent à trois stéréotypes d’utopie totalitaire. Dans le labyrinthe pas de guides, pas de pancartes et les amis susceptibles d’aider les PJs se comptent sur les doigts d’une main d’ébéniste ! Les PJs sont dans un monde criminels et de hors-la-loi divers et variés parmi lesquels les 3 organisations se sont formées. Encore une fois il y a des chances que les premières rencontres avec ces obédiences soient brutales et que les Pjs aient à se faire une opinion et à choisir une ligne de conduite rapidement. Accepteront-ils de rentrer dans une armée qui cherche à dominer manu militari le labyrinthe, ou plutôt dans une pseudo inquisition en quête de savoir sur le labyrinthe, ou enfin accepteront-ils la vision du monde menant à la tabula rasa ? Choisir, toujours choisir… et aucun moyen de s’échapper du labyrinthe !
Un labyrinthe est le lieu de prédilection du choix car il faut choisir en permanence sa direction, sans cesser d’avancer (l’immobilisme tue dans un labyrinthe si personne n’est censé venir vous chercher) en acceptant qu’un mauvais choix puisse vous condamner. Ce JDR exacerbe cette dimension en ajoutant un facteur supplémentaire à l’urgence de choisir, ainsi qu’une dimension idéologique compliquée par l’amnésie (quelles valeurs respecter lorsque nous ne savons pas qui nous sommes ? Il faut se faire une raison, l’instinct de survie est souvent le plus fort). Les Pjs sont donc coincés dans le labyrinthe et leur conscience privée d’identité les empêche de choisir librement. Leur corps et leur âme ne leur appartiennent plus totalement.
Ainsi, ils semblent que les aventures de Labyrinth exploitent au mieux la question de la liberté. Il faut chercher la sortie de ces couloirs sans fin. Et il faut aussi chercher à faire la lumière sur sa propre identité. Ambitieux projet pour des criminels condamnés et emprisonnés dans le labyrinthe ! Le MJ sera alors au cœur du projet de Labyrinth, il devra maintenir cette tension entre ce qu’ignorent les personnages et les éléments qu’ils découvrent pour faire leur choix. Il semble que l’univers insiste sur la dimension morale et idéologique : les PJs doivent découvrir ce en quoi ils croient. Sinon ce JDR risque de tourner au Donjon like où les PJs parcours des kilomètres de galerie en quichant des « ennemis » pour survivre.
L'originalité première de Labyrinth aura eu raison de notre curiosité : que signifie jouer un perso amnésique ? Est-ce la même chose que jouer un perso sans historique ? Est-ce qu'on ne court pas le risque d'effacer un personnage trop peu consistant (sans background) sous la personnalité du joueur (qui palierait le défaut d'historique) ? Nous avons donc creusé la question de l'historique du personnage dans cet article.
Un petit aperçu du système de jeu :http://ikosa.net/site/?p=2185
Une intéressante critique de ce jeu :
Nicolas
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