La taverne des rôlistes

Réflexion et analyse critique sur le JdR en général et sur des JdR particuliers

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Le roleplay


La question du roleplay est souvent abordée par les joueurs de JDR, ce jeu si particulier partageant des caractéristiques avec d’autres activités comme les jeux de société ou des formes de représentation comme le théâtre, pour marquer les moments ou le personnage s’incarne grâce à la performance du joueur. Nous verrons ici que le roleplay n’est pas uniquement cette performance ponctuelle.


Jouer la personnalité de son personnage
Le roleplay est le fait de jouer un rôle, autrement dit de jouer son personnage. Dans le JDR sur table le roleplay est avant tout un effort d’imagination, il faut se mettre dans la peau de son personnage. Pour y parvenir plus facilement et réussir à maintenir une certaine cohérence dans le jeu de son personnage, les systèmes de création de personnage développent des archétypes comme la nature et l’attitude, que le joueur inscrira sur sa feuille. Si le joueur décide de jouer un personnage bon vivant et rebelle, il le marque sur sa feuille et essayera de l’interpréter au cours de la partie, si le personnage se met soudain à être dépressif il faudra une très bonne explication. Bien sûr les archétypes du personnage seront amenés à évoluer au fur et à mesure du jeu. Cette première approche peut paraître très « scolaire » et souvent les archétypes du personnage sont choisis et indiqués dans le background du personnage de façon plus ou moins formelle (les feuilles de personnages des jeux du Monde des Ténèbres ont un emplacement réservé pour l’archétype). En tous cas, en terme de roleplay, les joueurs doivent faire l’effort d’incarner un et un seul personnage et s’y tenir pour garder une certaine cohérence dans le jeu et rendre possible la création de l’imaginaire commun, c’est-à-dire que chacun puisse se faire une représentation du personnage de chacun des autres joueurs de façon à peu près stable.Voilà une première dimension du roleplay : réussir à mettre en scène un personnage pendant la partie en respectant certains archétypes qui définiront sa personnalité.


je sors ma hache à deux mains et je le pulvérise
Réalisée avec Stripgenerator


Interpréter son personnage
Une autre application du mot roleplay est l’effort fait par le joueur pour incarner son personnage en temps réel. Cela passe le plus souvent par la prise de parole, le joueur parle à la place de son personnage, mais peut s’étendre à de courtes performances physiques, pour décrire un coup, une position, une expression…. Cet exercice est très riche pour le jeu car le personnage semble prendre vit à travers la bouche (ou le corps) du joueur mais peut s’avérer difficile si le type de personnage spécialisé dans les compétences oratoires (poète, diplomate…). Cette dimension du roleplay met directement en avant les compétences orales REELLES du joueur, ce qui peut poser un problème. En effet, imaginons que je veuille jouer un des types de personnage cité plus haut mais que je ne me sente pas capable d’interpréter mon personnage pendant des performances orales, je me retrouve coincé (en tant que joueur) et mon personnage n’est plus forcément cohérent (le diplomate ne prend presque jamais la parole). C’est un problème car le jeu de rôle est avant tout liberté avec pour seule contrainte l’imagination.Un moyen pour pallier à cet écart entre les compétences réelles du joueur et les compétences fictives du personnage est le système de règles. Si le personnage doit convaincre un chef de guerre de ne pas lancer ses troupes sur l’ennemi, le joueur pourrait, au lieu de prendre la parole pour son personnage, lancer les dés pour simuler les compétences de son personnage. Cela reste très cohérent puisque le personnage en plus d’exister dans l’imagination des joueurs, existe bel et bien en points, caractéristiques, compétences… sur la feuille de perso. Donc le roleplay peut se coupler de façon cohérente avec le système de simulation.Mais avoir recourt uniquement au système de simulation peut s’avérer gênant dans certaine situation. L’exemple le plus flagrant est peut-être le cas où le personnage d’un joueur essaie d’influencer celui d’un autre joueur. Il peut en résulter une certaine tension entre les joueurs, l’un peut se sentir piégé ou obligé par un autre joueur ou le MJ (le garant des règles et du fonctionnement). L’équilibre n’est pas évident à trouver, surtout si l’écart entre les compétences du joueur et celles du personnage est important.Une solution intéressante est d’accorder des bonus au jet (simulation) en fonction de la qualité du roleplay (compétence réelle du joueur). Si le personnage se met bien dans la peau de son personnage (respect du langage…) et si les idées avancées par le joueur sont intéressantes (arguments, mensonges…). Tout reste à l’appréciation du MJ évidemment..

Jouer avec d'autres joueurs 
Enfin, une dernière dimension du roleplay correspond à l’effort d’imagination de chacun des joueurs. Pendant une partie de JDR, chaque joueur accepte de jouer la partie et donc de partager une aventure commune dans un monde fictif. Chacun à la responsabilité du bon déroulement de la partie : se concentrer quand il le faut, laisser la place à l’ensemble des joueurs pour que chacun puisse participer, bref se sentir concerné par le scénario et favoriser le fonctionnement du groupe. Le roleplay ici rimerait avec fairplay mais s’étend à l’effort d’imagination nécessaire chez chacun des joueurs au-delà de leur propre personnage : mémoriser les évènements du scénario, la mise en scène des différents personnages (c’est-à-dire de prendre en compte les archétypes mis en scène par les joueurs pour interpréter leur personnage). Cette dimension du roleplay est à la portée de tous les joueurs, elle échappe au système de simulation et est nécessaire pour que la partie de jeu de rôle ait bien lieu. En somme, elle ne repose que sur les joueurs et leur bonne volonté.Donc le roleplay peut revêtir plusieurs aspects et ne se résume pas à la performance ponctuelle du joueur pour faire parler son personnage. Être roleplay c’est interpréter son personnage pour enrichir la fiction commune, c’est faire un effort d’immersion dans le scénario et s’est faire en sorte que la partie de jeu de rôle se déroule correctement.


Nicolas

4 commentaires:

interesting and exciting! comme souvent sur ce blog.
Ces réflexions sur le roleplay me renvoie à une question jdr récurente et cruciale. Comment concilier le roleplay d'un personnage interpreté (son attitude vis à vis des autres, sa personnalité, ses opinions exprimé) dans les cas ou celui ci doit entrer en buté avec les propres elements roleplay des autres membres du groupe de joueurs.
Doit on sacrifier le roleplay de notre perso incarné à la paix du groupe, quand ce n'est pas simplement ménager la suceptibilité des autres joueurs. Ou doit on aller jusqu'au bout de la coherence roleplay quitte à se mettre à dos les autres personnages et/ou joueurs?

 

Effectivement, la problématique que tu évoques est complexe.

De mon côté, j'ai observé des cas dans lesquels le jeu roleplay à fond au détriment de la cohésion a été positif ou négatif.

Dans Star Wars, j'ai eut un cas dans lequel un pj taupe jedi noire a fini le scénar en décapitant un autre PJ. Cependant, cette scène de combat final dans le groupe a été réellement mémorable et ce fut "le grand moment de tension dramatique" de la partie. A vrai dire, on en parle encore (positivement) alors qu'on a tous oublié le reste de l'histoire...

A l'inverse, on a tous déjà vu des personnages chiants qui pourrissent un peu l'ambiance en agaçant les joueurs ou en bloquant les parties.

Question complexe donc, que nous approfondirons surement un jour ici.

 

Si je puis apporter une pierre à cette question; comme toujours il faut se demander si c'est pertinent. Un jeu impliquant des Druchii (Elfes noirs) devra forcément impliquer ces problématiques de traitrises. Tout au contraire, un jeu très "héroïque" (au sens d'un groupe de joyeux héros) n'aura qu'un groupe de joueurs soudés. Après, il y a naturellement des situations intermédiaires. Masterisant du Tigres Volants, je n'a jamais eu de groupe où les joueurs ne se tiraient pas dans les pattes, situation qui n'a pratiquement jamais dégénéré.

Mais tous les joueurs savent-ils signer ces contrats tacites ? Je n'ai pas de réponse.

MJ

 

L'article est intéressant, un peu brouillon au départ dans la différenciation entre l'interprétation du perso et son incarnation (un terme est utilisé pour remplacer l'autre dans le 1er paragraphe) Du coup j'ai du relire pour comprendre ce tu voulais dire. Des exemples auraient été bienvenus ;)

Dans le fond, tu t'arrêtes sur des points très importants (mais difficile à expliquer il est vrai). Il est clair que s'immerger dans son perso mais aussi dans les autres PJ, l'univers et l'histoire fait partie du roleplay.

Exemple : sur une partie de Pavillon Noir, je joue un pirate pyromane. Lors d'une mission, sur les ordres du capitaine, je dois aller faire la peau d'un colon que je poursuis jusqu'à son exploitation de coton.
Le joueur du Capitaine (qui n'est pas présent) me lance alors l'idée de mettre le feu à la réserve de coton. Excellente idée ! C'est bien dans le genre de mon perso, il a effectivement du y penser (moi pas).
Lorsque je retourne en ville un peu plus tard. Le Capitaine (cette fois ci réellement incarner par son joueur) voit s'élever au loin une fumée épaisse et reproche vivement à mon perso ce qu'il a fait car la mission devait se faire discrètement. Conséquence directe, mon perso doit se justifier. Je mets donc en valeur ses traits de caractère et commence à dévoiler une petite partie de son BG.

Donc même lorsque des PJs sont absents, les autres joueurs peuvent superbement contribuer au roleplay et à la création de l'histoire.
Cela implique, par contre, une bonne connaissance des autres perso (et pas forcément que des PJs)
C'est aussi pour ça que je préfère grandement les créations de groupe, qui permettent déjà aux joueurs de cerner partiellement les PJs des autres et de s'échanger des idées.

 
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